Pour rompre avec la pratique habituelle, le nouveau ministre du Budget et des Comptes publics a lancé récemment des appels à candidatures pour les postes de directeurs centraux des Affaires financières (DCAF), de contrôleurs budgétaire (CB) et de contrôleurs budgétaires adjoints (CBA). Il veut en finir avec les nominations dans les ministères et les représentations de l’administration publique.
Les DCAF, CB et CBA des différents départements ministériels ainsi que dans les chefs-lieux de province du pays et à l’étranger ne seront plus directement nommés en Conseil des ministres. Avec Jean-Fidèle Otandault à la tête du ministère du Budget et des Comptes publics, les choses devraient changer. Ces nominations suivront désormais un nouveau processus.
Tout agent public appartenant aux corps des administrateurs économiques et financiers, intéressé par l’un des trois postes pourra candidater, selon des profils précis. Le nouveau patron du Budget veut en finir avec les nominations politiques, qui ne tiennent pas toujours compte des véritables compétences requises pour ces postes jugés sensibles. Au ministère du Budget et des Comptes publics, l’on affirme que cette nouvelle mesure entre dans le cadre des réformes que Jean-Fidèle Otandault a annoncé dès sa prise de fonction, en août dernier. L’objectif est d’améliorer la gestion de l’argent public, tout en permettant aux projets lancés par chacun des départements de se matérialiser conformément à la Budgétisation par objectifs de programme (Bop).
Aux DCAF, il sera demandé, entre autres, de conseiller et d’assister les ordonnateurs dans l’exécution du budget, élaborer et mettre à jour le tableau de bord budgétaire, et de suivre la gestion du patrimoine et tenir la comptabilité de l’administration dans laquelle il sera affecté. Quant aux CB et CBA, leurs missions seront d’analyser la soutenabilité budgétaire, apprécier et viser la programmation budgétaire initiale, viser les actes générateurs de dépenses publiques, informer et conseiller les gestionnaires de crédit et les ordonnateurs dans le cadre des dialogues de gestions périodiques.
Jusqu’au 22 septembre prochain, les candidats aux postes de DCAF, CB et CBA devront adresser leur dossier au secrétaire général du Budget et des Comptes publics, apprend-t-on dans les avis d’appels à candidatures datés du 8 septembre, publiés par le quotidien L’Union, lundi 11 septembre.
Au ministère du Budget et des Comptes publics, cette réforme ne sera pas la seule. D’autres devraient suivre. Mais avant, il nécessite d’actualiser les données et les informations dans certains secteurs. Jean-Fidèle Otandault envisage de lancer une série d’audits (du fichier solde, des mises à disposition au Trésor public, des primes du ministère et sur la performance des subventions et aides publiques) et une étude de l’optimisation du coût des dépenses de fonctionnement.
Dépité par la décision du Premier ministre de lui retirer certaines de ses prérogatives pour les transférer à un ministre délégué dépendant directement de la Primature, l’ancien ministre de l’Habitat, n’aurait eu d’autre choix que de critiquer le management du chef du gouvernement. Ce qui aurait conduit à son éviction de l’équipe Issoze II.
J’ai déjoué et bloqué de nombreux trafics fonciers, empêchant certains de s’enrichir de façon démesurée au détriment de la terre gabonaise. © Gabonreview
Affirmant n’être jamais entré au gouvernement pour faire carrière, mais juste pour servir son pays, l’ancien ministre de l’Habitat a consenti le 11 septembre 2017, à son éviction du gouvernement, affirmant avoir été le maître d’orchestre de cette initiative actée par Emmanuelle Issoze Ngondet le 6 septembre dernier. Si pour le Premier ministre, il est reproché à Bruno Ben Moubamba, son absence de solidarité gouvernementale, et ses publications sur les réseaux sociaux pour exprimer des intérêts personnels ou particuliers, pour le président de l’Alliance pour le changement et renouveau (ACR), la raison serait «le blocage du pillage foncier».
«En effet, depuis ma nomination, j’ai déjoué et bloqué de nombreux trafics fonciers, empêchant certains de s’enrichir de façon démesurée au détriment de la terre gabonaise. Il a donc été tenté, en vain, de me faire sortir du gouvernement lors du récent remaniement. N’ayant pas pu se débarrasser du gêneur que je suis, le seul moyen de continuer le pillage foncier était donc de retirer au ministre de l’Habitat sa capacité de protection de notre territoire national, ce qui n’a pas tardé : deux semaines après le remaniement», a affirmé Bruno Ben Moubamba.
Bien qu’ayant été maintenu au second gouvernement deux semaines seulement, à la seule volonté du président de la République, l’alliance «objective» avec Ali Bongo Ondimba a été inefficace pour permettre à l’ancien ministre de l’Habitat de réaliser son programme des 10 000 logements par an, censé aider le président de la République dans ce qui fut le grand échec de son premier septennat.
«Pour paraphraser Saint Paul : j’ai combattu le bon combat et n’ai pas perdu la foi. J’ai achevé ma course au ministère de l’Habitat, mais, les idées d’un homme ne meurent jamais. Le programme des 10 000 logements par an que j’ai annoncé était sur le point de commencer quand la circulaire surprise 14-49 du Premier ministre a tout arrêté le 6 septembre 2017», a clamé Bruno Ben Moubamba.
En effet, selon le président de l’ACR, la «circulaire 14-49» retire la plupart des pouvoirs du ministère de l’Habitat, de la Ville et de l’Urbanisme et les donne à un ministre délégué dépendant directement du Premier ministre. Le ministère de l’Habitat devient donc une coquille quasi-vide. De même que, cette circulaire retire également des prérogatives liées aux affaires foncières au ministère de l’Economie pour les remettre également à la Primature.
«S’il est habituel de voir un Premier ministre affublé d’un ministre délégué, il est étonnant qu’on confie à ce ministre délégué des compétences qui relèvent d’un ministère existant et fonctionnel. Ce simple fait suggère que le Premier ministre, plutôt que de diriger l’action du gouvernement comme le veut l’article 29 de la Constitution, a décidé de s’arroger la direction du ministère en charge de l’Habitat, de l’Urbanisme, du Cadastre et des Travaux Topographiques», a indiqué Bruno Ben Moubamba, affirmant qu’ «il est bien connu dans les principes du droit administratif que le Premier ministre ne dirige ni un super ministère ni un premier ministère comparable aux départements ministériels. S’il assure la coordination de l’action du Gouvernement en tant qu’institution collégiale, juridiquement, il n’est pas le supérieur hiérarchique des ministres dès lors qu’il ne peut ni annuler leurs décisions ni se substituer à eux pour exercer leurs compétences».
Face à la conjoncture marquée par une crise économique et financière occasionnant la baisse des recettes dans tous les secteurs d’activités, le gouvernement a décidé de suspendre, à compter du 31 juillet 2017, pour une durée de 12 mois, tout recrutement dans la Fonction publique et les établissements publics personnalisés.
Le Premier ministre, Issoze Ngondet veut certainement voir plus clair dans la gestion des agents de l’administration publique en annonçant ce gel des recrutements. © Gabonreview
Dans une note de service du ministère de la Promotion des Investissements privés, du Commerce et de l’Industrie, ventilant la note circulaire numéro 1343/PM du 31 juillet 2017 relative à la maitrise de la masse salariale, le Premier ministre, Emmanuel Issoze Ngondet a informé les administrations centrales de cette mesure devant s’étaler sur 12 mois.
Elle vise en effet la maitrise de la masse salariale particulièrement dans cette période de crise. Ce d’autant que plusieurs sources affirment que cette masse salariale est passée de 350 milliards de Francs CFA en 2009 à 720 milliards de Francs CFA aujourd’hui. Le document transférer aux ministères précise qu’ «afin de permettre une maitrise optimale de l’évolution de la masse salariale de l’Etat et une meilleure gestion des ressources humaines, le gouvernement sursoit pour une durée de 12 mois, à compter du 31 juillet 2017, tout recrutement dans la Fonction publique et dans les établissements publics personnalisés».
En invitant à une stricte application de cette mesure, le chef du gouvernement a assuré qu’«au terme de ce délai, la reprise des recrutements sera conditionnée par la production de plans de recrutement, de formation ainsi que d’organisation des effectifs par programmes ministériels».
La décision du Premier ministre intègre les réformes engagées depuis quelques années au sein de l’Etat et particulièrement de l’administration publique, notamment pour parvenir à une maîtrise du fichier des agents de l’Etat et de la masse salariale publique.
Aidé par des experts de la Banque mondiale, le Gabon envisage de lancer un Système intégré de gestion de la ressource humaine (SIGRH) devant permettre d’avoir de meilleures informations sur les agents de l’Etat.
En attendant l’aboutissement de toutes ces réformes engagées, le gel des recrutements dans la Fonction publique et les établissements publics personnalisés, premiers employeurs du pays, aura certainement un impact social important. Le taux de chômage au Gabon s’élevant à 30% de la population et atteindrait 40% chez les moins de 25 ans.
Aidé par des experts de la Banque mondiale, le Gabon envisage de lancer dans les prochains mois un Système intégré de gestion de la ressource humaine (SIGRH) devant permettre d’avoir de meilleures informations sur les agents de l’Etat.
Scène des travaux au ministère de la Fonction publique (capture d’écran), le 4 septembre 2017. © Gabonreview
Lancés en début de semaine et devant s’achever le vendredi 8 septembre prochain à Libreville, les travaux réunissant des experts de la Banque mondiale et le ministre de la Fonction publique devraient aboutir à la mise en place du SIGRH des agents de l’Etat dans quelques mois. Il s’agit d’un outil «très important», qui devrait rendre plus efficace la gestion des agents de l’Etat, a assuré Jean-Marie Ogandaga, selon qui, ce nouvel outil permettra, entre autres, de faire la différence entre les agents publics ayant le statut de fonctionnaires et ceux qui ne l’ont pas.
L’autre objectif assigné au SIGRH est d’aboutir à un nouveau système d’information dans l’administration publique gabonaise. Pour le ministre de la Fonction publique, il s’agit notamment de faire en sorte que les informations soient cohérentes pour tous les départements. «Le système d’information actuel est très parcellaire. Chaque administration et chaque département a son information. Ce qui fait que, lorsque vous souhaitez avoir une information précise, vous ne l’avez pas», a regretté Jean-Marie Ogandaga, qui espère venir à bout des confusions et autres lenteurs administratives grâce au SIGRH, dont la date de mise en place officielle n’a pas encore été arrêtée.
Boosté par le Prix panafricain du service public (PPSP) obtenu en juillet dernier au Maroc, dans la catégorie «Innovation et amélioration de la qualité du service public», le ministère de la Fonction publique a réaffirmé son ambition à la Banque mondiale : «mettre à la disposition du grand public et du Gabonais lambda les meilleurs services qui soient». La première phase des travaux avec les experts de l’institution bancaire apparaît pour Jean-Marie Ogandaga comme une sorte d’audit des services existants, en vue de leur amélioration.
Frustrés de n’avoir pas reçu les primes de garde de janvier à août 2017, les agents du Centre médical de Ndjolé ont décidé le 6 septembre de fermer le service de garde de cette structure sanitaire aux patients, de 18 heures à 8 heures.
La banderole affichée par les agents grévistes à l’entrée du Centre médical de Ndjolé, le 6 septembre 2017. © Facebook
Les patients de l’hôpital de Ndjolé ne seront plus reçus au service de garde. Motif : le collectif des agents du Centre médical de cette localité a décidé de fermer le 6 septembre les portes du service de garde de 18heures à 8heures aux patients.
Ils réclament le paiement intégral des primes de garde. Celles-ci ne seraient plus payées depuis le mois de janvier 2017.
Malgré les multiples requêtes formulées à l’endroit des autorités hiérarchiques, les agents n’ont toujours pas perçu leurs primes. Estimant avoir atteint le seuil de tolérance cette, après cette longue l’attente, les agents ont décidé de passer à la vitesse supérieure, en suspendant la réception des patients de 18 heures à 8 heures du matin.
Une situation très inquiétante pour les populations de Ndjolé. Ce d’autant que le collectif affirme que le mouvement ne sera levé qu’après la satisfaction intégrale de leur revendication.
Commentaires