Depuis la fin du processus électoral d’août 2016 marqué par la «victoire» d’Ali Bongo dans la province de l’Ogooué-Ivindo (avec 12.000 voix contre 7000 à Jean Ping), les cadres de cette province sont abondamment appelés à des fonctions importantes au détriment des cadres et hauts fonctionnaires de bien d’autres localités du Gabon.
Le Premier ministre, Emmanuel Issozé Ngondet, en tournée dans l’Ogooué-Ivindo, à la mi-avril 2017. © D.R.
En veux-tu ? En voilà ! L’Ogooué-Ivindo, la nouvelle «province-sœur», se voit gratifier de multiples cadeaux de reconnaissance pour avoir donné, lors de la dernière présidentielle, une victoire de 5000 voix de plus au candidat du Parti démocratique gabonais (PDG) face à Jean Ping, le candidat consensuel de l’opposition ! L’on a tout d’abord assisté à la nomination d’Emmanuel Issozé Ngondet au poste de Premier ministre, ensuite à la confirmation ou la désignation de cinq ministres (Alain-Claude Bilie-By-Nzé, Edwige Bétah, Guy-Maixent Mamiaka, Chantal Abendang Mebaley), dont un ministre d’Etat. Bien entendu, auparavant, il y avait déjà Georgette Koko au poste de président du Conseil économique et social (CES). Il faut se rendre à l’évidence : l’Ogooué-Ivindo a le vent en poupe et le Premier ministre est visiblement le booster de ce souffle porteur.
En effet, en tournée dans l’Ogooué-Ivindo, du 15 au 17 avril dernier, en vue de promouvoir le Dialogue politique en cours, Issoze Ngondet a littéralement laissé entendre à Makokou : «Je puis vous affirmer que les lignes bougent. Depuis longtemps nous avons réclamé que les fils de l’Ogooué-Ivindo occupent aussi la tête des institutions de la République. Aujourd’hui nous avons notre fille Georgette Koko à la tête du Conseil économique et social. Je suis à la Primature. Je peux vous rassurer que je me battrai pour que les fils de l’Ogooué-Ivindo soient à des postes de responsabilité dans l’administration gabonaise.» Il semble être passé à l’acte, même si les nouveaux promus viennent seulement s’ajouter à d’autres, déjà en poste auparavant.
Dans la haute administration, les postes de directeurs généraux attribués aux Ogivins ne se comptent plus. Directeur national des Assurances, directeur général des Ressources humaines… De même, dans les entreprises publiques, un grand nombre d’entre eux occupent des fonctions de Conseiller de directeur général. Lors du tout dernier Conseil des ministres du 25 avril, par exemple, Ruben Ndzibé, précédemment directeur de la Réglementation et de la Coopération à la direction générale de la Marine marchande, qui avait servi auparavant au Conseil gabonais des chargeurs (CGC) comme directeur juridique, a succédé à Léon Ndong Nteme au poste de directeur général de la Marine Marchande.
Dans le secteur diplomatique le constat est littéralement le même, même si certaines nominations sont antérieures à la dernière présidentielle. Ainsi, les trois missions diplomatiques emblématiques du Gabon sont aujourd’hui dirigées par des ressortissants de la «province du fer» : New York (la Représentation permanente du Gabon aux Nations-Unies) et Washington (Ambassade du Gabon aux Etats-Unis) sont aux mains de Michaël Moussa, tandis que Paris vient d’échoir à Flavien Enongoué. Le dosage ou l’équilibre géopolitique habituel a visiblement été ignoré dans ce secteur.
«L’Ogooué-Ivindo a en tout cas le vent en poupe, ses cadres et hauts fonctionnaires occupent des postes hautement visibles, mais cette façon de faire la promotion des élites, dans un sens ou dans un autre, n’est pas compatible avec la préservation de l’unité nationale», assène un sociologue enseignant à l’Université Omar-Bongo. «Car, ajoute-t-il, on va alors sur des terrains glissants qui ne manqueront pas de laisser des fissures dans la cohésion nationale». Jouer la carte de l’indifférence ou minimiser la portée de cette pratique pourrait, à terme, créer des crispations et des frustrations inutiles. Avec de telles pratiques, d’autres pays se sont fissurés progressivement…
Au cours d'un entretien avec la presse, le porte-parole de la commission " La modernisation de la vie publique", a relevé la nécessité de "mettre de l'ordre" dans le fonctionnement des formations politiques.
LE train semble être définitivement lancé du côté du stade d'Angondjé où, hier, contrairement aux balbutiements des jours précédents, les membres des quatre commissions du Dialogue politique étaient à l'ouvrage. Tous ont salué "le sens de responsabilité et l'esprit de patriotisme habitant leurs interlocuteurs respectifs" et souligné la nécessité d'aboutir à des décisions consensuelles, de nature à être en phase avec la volonté du plus grand nombre.
Dans cette optique, le porte-parole de la commission " La modernisation de la vie publique", André Dieudonné Berre, a, au cours d'un entretien avec la presse, relevé la nécessité de "mettre de l'ordre" autour des conditions et des modalités de création d'un parti politique. Cette nécessité est d'autant impérieuse que, selon lui, après "le laxisme" des années précédentes, " il est temps de réglementer tout ça, car on entre dans une période de maturité". Pour autant, a-t-il précisé, " l'ordre ne signifie pas la dictature. L'ordre suppose des critères à la création d'un parti politique. Car on ne peut pas se lever un beau matin et dire qu'on va créer une formation politique".
« Nous avons l’espoir d’aboutir à des avancées significatives, d’autant que nous avons obtenu que soit élaboré un chronogramme à la fin du dialogue, afin de permettre ensuite à un comité de suivi de veiller à la mise en place des mesures. Je pense que l’on peut gagner davantage que lors des dialogues précédents car beaucoup d’acteurs, y compris au sein de la majorité, sont conscients qu’il faut réformer et que, si ce dialogue n’aboutit pas, le Gabon court des risques énormes » a expliqué René Ndemezo’o à Jeune Afrique.
Pour les principales mesures, il a fait savoir qu’il y a plusieurs dossiers importants que « nous allons aborder », notamment la limitation du nombre de mandats présidentiels ainsi que leur durée, c’est-à-dire qu’il faudra choisir entre quinquennat et septennat.
« Nous allons également discuter du cas de la Cour constitutionnelle. Sa nomination n’est pas satisfaisante aujourd’hui et je pense qu’il faut aussi s’interroger sur la possibilité de mettre en place des mandats de huit ou neuf ans, accessible à des personnalités de plus de 55 ou 60 ans » dit-il.
Pour Mr Ndemezo’o Obiang, le dialogue n’a pas pour objectif d’obtenir ce que l’on n’a pas obtenu par les urnes. « « Jean Ping a remporté le scrutin », pourtant, cela ne lui a permis de prendre le pouvoir » ironise-t-il.
Selon lui, il est temps de mettre en place des réformes impersonnelles, objectives et déconnectées d’Ali Bongo Ondimba, qui « nous permettent d’avancer ».
Le président congolais, Denis Sassou Nguesso a dépêché mercredi à Libreville son ministre de la Justice, Pierre Mabiala, porteur d’une lettre confidentielle au numéro un gabonais, Ali Bongo Ondimba.
Dans un communiqué laconique publié au terme d’une audience au palais du bord de mer de Libreville entre le président gabonais et le ministre Mabiala, le Gabon affirme que le message du président congolais porte sur l’échange d’expérience judiciaire entre les deux pays qui entretiennent, par ailleurs, « d’excellentes relations d’amitié et de fraternité ».
Au cours de l’entretien, qui s’est tenu en présence de plusieurs personnalités dont le garde des Sceaux gabonais, M. Alexis Boutamba, le chef de l’Etat et son hôte ont également échangé sur la coopération bilatérale entre le Gabon et le Congo.
Il n’existe en ce moment aucun dossier judiciaire brûlant entre les deux pays.
Les ONGs et associations réunies au sein de la plateforme dénommée Concertation de la Jeunesse Gabonaise (CJGA) viennent via une lettre ouverte adressée à Ali Bongo Ondimba, mener un plaidoyer relatif à la prise en compte de la jeunesse et des femmes dans les nominations administratives. Une lettre émise hier, mercredi 26 avril courant à partir d’Awendje.
« L’objectif de cette lettre ouverte était de voir la politique comme un allié œuvrant dans le quotidien des Gabonais et non comme un dominateur », a déclaré Rodrigue Maïssa Nkoma, président de la plate forme CJGA. Un tel souhait passe indubitablement par le respect des quotas agités par le Premier magistrat gabonais dans un passé récent (Ndlr : 30% des Jeunes et 30 autres de femmes dans la distribution des promotions et autres nominations administratives).
Ainsi, les leaders de la CJGA invitent le Président gabonais à matérialiser le plan stratégique Gabon émergent (PSGE). « Les réalisations de tout projet répond aussi aux attentes des populations », clame haut et fort Rodrigue Maïssa Nkoma.
Fatiguée d’être sacrifiée sur l’hôtel des intérêts politiques, crypto-personnels voire égoïstes depuis 50 ans, la jeunesse de la CJGA
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