Comme promis deux mois plus tôt par le vice-Premier ministre en charge de l’Habitat, l’opération de déguerpissement des squatters des logements sociaux a été lancée ce 27 décembre.
Dans l’application de l’ordonnance en exécution rendue par le tribunal de première instance de Libreville, les forces de police ont lancé, ce 27 décembre, l’opération de déguerpissement des squatters d’Angondjé et Bikélé.
Etant donné les significations d’ordonnance qui étaient exécutoires sur minutes, au regard des délais supplémentaires qui ont été accordés par le vice-Premier ministre en charge de l’habitat, «grande est notre surprise de constater que ces familles font dans la résistance», s’est étonné l’huissier en charge du suivi de l’opération.
«Là nous sommes dans la phase exécutoire. A cet effet, nous avons requis le procureur de la République afin de disposer des éléments des forces de l’ordre comme l’indique la loi. Ils nous accompagneront dans l’opération, car nous passons dans l’exécution forcée», a indiqué Cynthia Nzang Meye.
L’opération se déroulant simultanément sur les sites d’Angondjé et de Bikélé concerne plus de 700 maisons. La police déployée ce 27 décembre a agi avec le mandat de ne brutaliser personne. Visiblement coopératifs, les occupants illégaux ont, pour un bon nombre, céder les clés de leurs maisons, sauf qu’ils ont décidé d’un commun accord avec l’huissier, d’extraire leurs biens une fois qu’ils disposeront des moyens logistiques pour le faire. «Des gardiens ont ainsi été affectés pour veiller sur ces maisons sur une période d’un mois. Passé ce délai, plus aucun recours ne sera reçu en cas de perte», a précisé Cynthia Nzang Meye.
N’empêche, les occupants illégaux des logements sociaux espèrent une nouvelle indulgence des autorités, en cette période de fête de fin, d’année. En attendant, ils n’ont pas cessé de se revendiquer comme faisant partie des plus fidèles soutiens du président de la République et du candidat du Parti démocratique gabonais (PDG) à la dernière présidentielle comme lors de celle de 2009.
Ces logements qu’occupaient illégalement plusieurs fonctionnaires, y compris des agents des forces de l’ordre, étaient donc perçus comme un dû. Ils méritaient de s’y installer en dépit du fait qu’ils n’avaient jamais fait une demande officielle pour l’acquisition desdits logements. C’est notamment l’une des raisons pour lesquelles le groupe de squatteurs a choisi d’accueillir les agents en chantant l’hymne national.
La veille de l’opération, le vice-Premier ministre en charge de l’Urbanisme et de l’Habitat avait annoncé l’exécution d’un audit au ministère de l’urbanisme, de même qu’il avait indiqué l’imminence d’une action de la force publique dans le dossier des squatters d’Angondjé et de Bikélé, pour l’avoir transmis au procureur de la République, après épuisement de toutes les voies légales préalables.
Bruno Ben Moubamba a ainsi espéré que l’audit sur l’habitat, commis à l’effet d’établir les responsabilités sur l’échec du programme des 5000 logements par an, promis par Ali Bongo, au cours du septennat précédent d’Ali ira à son terme.
Le cabinet d’Emmanuel Issoze Ngondet a subi, le 27 décembre 2016, un mini-remaniement faisant d’Étienne Massard Kabinda Makaga, le ministre des Affaires présidentielles et de la Défense nationale. Une réécriture du libellé de la fonction qu’il occupait déjà.
À la surprise générale le mardi 27 décembre 2016, le ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Bilie-By-Nzé, est passé au journal de 20 heures sur la télévision nationale, pour annoncer un «léger remaniement ministériel». Rendant public un décret signé par le président de la République, il a indiqué qu’Étienne Massard Kabinda Makaga est nommé ministre des Affaires présidentielles et de la Défense nationale.
Avant cette nouvelle nomination, ce dernier occupait les fonctions de Secrétaire général de la Présidence de la République, chargé de la Défense nationale. Alain-Claude Bilie-By-Nzé n’a rien laissé filtrer concernant le remplaçant de «l’élu» au poste de Secrétaire général. Ce qui laisse tout de même penser qu’Étienne Massard a été délesté de ce poste, qui resterait à pourvoir.
Vraisemblablement, ce remaniement ministériel serait la résultante d’une controverse au sujet du libellé des fonctions jusque-là occupées par le concerné. A titre d’exemple, une tribune libre intitulée «Ministre, secrétaire général de la Présidence de la République», a été publiée le 13 octobre dernier sur Gabonreview par Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, membre éminent de l’Union nationale (UN) et porte-parole de Jean Ping à la dernière élection présidentielle. Dans sa prose, le cadre de l’UN parlait d’«une étrangeté» relevant, selon lui, de l’incompatibilité de l’occupation d’une fonction au sein de l’administration d’une institution, en l’occurrence le président de la République, et l’exercice d’une fonction politique au sein d’une autre institution, le gouvernement dans le cas d’espèce. La tribune libre de ce membre des think tanks de l’UN avait résolument le mérite de soulever l’incongruité de cette cumulation de fonctions faisant entorse à la loi.
Lisant le droit, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi concluait qu’«il est incontestable, en droit, que la fonction de Secrétaire général de la présidence de la République est un emploi de la Fonction publique, incompatible avec la fonction de membre du gouvernement». Autrement dit, M. Massard ne pouvait pas, en même temps, être en fonction dans l’administration gabonaise et membre du gouvernement. L’éminence grise, entre autres, de l’UN basait son argumentation sur la loi n°1/2005 du 4 février 2005 portant statut général de la Fonction publique. Celle-ci dispose en effet, en son article 64, que l’exercice d’un emploi de la Fonction publique est incompatible avec la fonction de membre du gouvernement.
Pour de nombreux observateurs, le tribune libre du jeune opposant aurait certainement fait bouger les lignes du côté du palais du bord de mer, voire du Conseil d’Etat où il a déposé une plainte à ce sujet. En attendant de cerner les contours de ce remaniement, l’on se demande déjà ce que la fonction de ministre des Affaires présidentielles comporte comme missions et prérogatives. Peut-être que les jours à venir seront riches de renseignements, dans la mesure où aucun nouveau Secrétaire général de la présidence de la République n’a été nommé en remplacement de M. Massard Kabinda Makaga.
Face aux syndicats, le 23 décembre dernier à Libreville, le ministre de l’Emploi a promis, dès janvier 2017, de fortes mesures de sécurité sociales et de protection des emplois.
Le ministre du Travail lors du diner avec les syndicats, le 23 décembre 2016 à Libreville. © Service communication ministère du Travail
Le ministre du Travail prévoit des mesures phares dès le mois de janvier 2017, en matière de sécurité sociale et de protection des emplois. Motivée par le contexte économique difficile actuel, cette décision a été notifiée aux syndicats lors d’une rencontre, le 23 décembre dernier à Libreville.
Eloi Nzondo a ainsi suggéré aux responsables syndicaux d’assurer le suivi des actions qui en découleraient, avertissant cependant que l’exercice de ses fonctions ne saurait être exempt de faux pas. «Chacun dans son domaine d’activité devra veiller à défendre les intérêts des travailleurs, tout cela dans un esprit d’harmonie constructive et consensuelle», a déclaré le ministre du Travail.
Selon le ministre, «les syndicats sont avant tout des partenaires sociaux avec lesquels le gouvernement doit pouvoir compter, afin d’éviter des querelles de clochers inutiles». Pour fédérer encore plus les syndicats, le ministre du Travail aurait certainement gagné à dresser une espèce de bilan de son action, au bénéfice des employés, depuis son arrivée à la tête de ce département ministériel.
En effet, moins de 10 syndicats ont pris part à cette rencontre avec le ministre, avec l’absence remarquée de syndicats de l’éducation. Par ailleurs, les employés attendent déjà avec impatience, la matérialisation des promesses d’Eloi Nzondo.
Les conditions de travail et de traitement des agents n’ayant pas connu d’amélioration en dépit des promesses du gouvernement, le Syndicat national des professionnels de l’audiovisuel public (Synapap) annonce une nouvelle grève à Gabon Télévision et Radio Gabon dès le 9 décembre.
La Maison Georges Rawiri, le bâtiment abritant Gabon Télévision et Radio Gabon (côté jardin). © Gabonreview
Depuis leur dernière rencontre avec le ministre en charge de la Communication, au terme de laquelle des promesses avaient été faites au sujet de l’amélioration de leurs conditions de travail et de traitement, les agents de Gabon Télévision et de Radio Gabon n’ont rien vu venir. Outré par «le mutisme affiché par le gouvernement», le Syndicat national des professionnels de l’audiovisuel public (Synapap), au terme d’une assemblée générale tenue à la Maison Georges Rawiri, le 7 décembre 2016, a annoncé une nouvelle grève dès le vendredi 9 décembre. Objectif : appeler une fois de plus l’attention des autorités sur les questions liées, entre autres, à la situation administrative des dizaines d’agents, les nombreuses difficultés matérielles à la radio et à la télévision, et les arriérés au paiement des frais de production pour ceux qui attendent leur poste budgétaire ainsi que le paiement de la prime de rendement.
«Nous attendons qu’on paie nos arriérés, et que le ministre de la Fonction publique nous dise à quel niveau se situent les dossiers d’intégration des communicateurs des médias publics. Il y a également la situation des rappels sur les salaires sans lesquels nous ne pouvons pas continuer de travailler», a prévenu Aminata Brigitte Ondo Mendogo, présidente du Synapap. Au sein de la Maison Georges Rawiri, l’on s’attend aussi à ce que les négociations annoncées par le gouvernement au sujet de l’optimisation des salaires sur la base de la réforme de l’audiovisuel public aboutissent à un accord. «Le syndicalisme, c’est la négociation. Nous attendons cette négociation, pour que nous nous tombions d’accord sur les principes des cahiers des charges à court, moyen et long terme», a indiqué le leader syndical, non sans demander au ministère du Travail la signature d’un arrêté permettant la mise en place d’une convention collective au sein des médias publics ainsi que l’adoption d’un plan social.
Ce nouveau débrayage, selon les membres du Synapap, s’explique également par l’attitude des autorités à l’endroit des agents, notamment de l’organisation syndicale dont elle a la charge. «Nous sommes des partenaires sociaux, mais on nous traite comme des moins que rien», a regretté la responsable de l’organisation, qui n’a pas caché que son agacement devant le traitement dont jouissent ses confrères de Gabon 24, beaucoup mieux rémunérés et mis dans de meilleures conditions de travail selon elle. Depuis, une plainte a été déposée à la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI), qui vise les directions générales de Gabon Télévision et Radio Gabon. Toutes deux sont accusées d’avoir détourné 1 milliard de francs CFA pour la première et 186 millions de francs pour la seconde.
Le refus, en septembre dernier, par le Gabon de voir les parts du groupe français BNP-Paribas dans la Bicig revenir au marocain BCP pourrait être à l’avantage du Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS). Mais l’affaire est loin d’être acquise.
On le sait des sources d’Abdelaziz Yaaqoubi, le directeur général de l’Union gabonaise de banque (UGB), le marocain Attijariwafa Bank ne rachètera ni la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Gabon (Bicig) ni les parts de BNP-Parisbas avec lequel des discussions avaient pourtant été engagées il y a plusieurs mois. Et en septembre 2016, au terme du dernier conseil d’administration de la Bicig, l’on avait également appris que la partie gabonaise avait refusé que les 47% des parts appartenant au groupe français soient rachetées par la Banque centrale populaire (BCP), une autre structure bancaire marocaine. Selon le site de Jeune Afrique, le Gabon espère que la reprise se fasse par une banque française ou internationale. Faute de quoi, le pays mettra à contribution le Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS).
Or, en attendant la date du 14 décembre 2016, devant aboutir à la décision finale du conseil d’administration, l’hebdomadaire panafricain croit savoir que la partie gabonaise prépare déjà l’option FGIS. La structure publique créée en 2012 serait la mieux placée pour racheter les parts de BNP-Parisbas. Une transaction qui pourrait lui coûter «une quarantaine de millions d’euros», soit des centaines de milliards de francs CFA. Autant dire que l’affaire est loin d’être acquise. Philippe Tartelin et Jean-Luc Oliver Akoto, deux responsables Afrique du groupe français, auraient déjà accepté de conserver 5 % à 10 % des parts et, surtout, de devenir un partenaire technique de la Bicig, révèle Jeune Afrique. En attendant, la marocaine BCP se tient prête en cas d’échec de l’opération.
Le Fonds gabonais d’investissements stratégiques a été mis en place, il y a quatre ans, pour «aider le Gabon à développer de nouvelles filières capables de générer suffisamment de revenus pour se substituer à ceux tirés de la production de pétrole», avait indiqué le gouvernement lors de sa création.
Commentaires