Au cours d’une déclaration faite, le 7 octobre, à l’occasion de la libération du président du Snec, Jean Rémy Yama, la confédération syndicale «Dynamique unitaire» conditionne la rentrée scolaire par la libération des co-détenus de ce dernier, notamment Sylvain Koumba Mba et Roger Abessolo.
24 heures après la libération de leur camarde syndicaliste, Jean Rémy Yama, président du Syndicat national des enseignants chercheurs (Snec), la Dynamique unitaire, une confédération syndicale, s’est prononcée par la voix du délégué général, Simon Ndong Edzo. «Depuis le 6 octobre 2016, le président Jean Rémy Yama a été libéré aux environs de 17 heures. Tout en nous réjouissant de cette libération, nous notons tout de même que celle-ci intervient au-delà des heures légales de service en République gabonaise», a-t-il déclaré avant de s’interroger : «Que cache le régime à travers une telle pratique illégale ?».
Si pour les autorités judiciaires, la libération de Jean Rémy yama peut contribuer à ramener la sérénité pour mieux aborder la prochaine rentrée de classes, les membres de la Dynamique unitaire ne l’entendent pas de cette oreille. D’autant que pour eux, deux de leurs camarades : Sylvain Koumba Mba du Syndicat de l’agriculture et Roger Abessolo des affaires sociales, arrêtés pourtant pour les mêmes chefs d’accusation que Jean Rémy Yama, sont toujours incarcérés.
La Dynamique unitaire conditionne cette rentrée par leur libération et celle de beaucoup d’autres préalables. «Considérant que tous les problèmes posés restent intacts, considérant le mépris du gouvernement vis à vis des travailleurs que nous sommes, prenant à témoin l’opinion nationale et internationale sur la méthode désinvolte du gouvernement (…) nous rappelons à tous les travailleurs que la grève décrétée depuis le 16 juillet 2016 n’a jamais été levée ni suspendue», a déclaré le délégué général. «Nous exigeons la libération sans condition de nos deux camarades, le paiement intégral des rappels, la prime d’incitation à la performance du 2e trimestre 2015 dans les secteurs santé, éducation et affaires sociales, l’ouverture des stages et le concours bloqué jusqu’à ce jour». Des préalables sans lesquels, a affirmé Simon Ndong Edzo, aucune rentrée des classes ne peut avoir lieu.
Sanctionné par un score de zéro but, le match de football opposant les Panthères du Gabon aux Lions de l’Atlas du Maroc, le 8 octobre 2016 à Franceville, n’a pas arrangé les choses pour le Onze national du Gabon vertement critiqué pour n’avoir pas donné de la voix à la suite des derniers événements politiques dans le pays.
Une phase de jeu entre les Panthères du Gabon et les Lions de l’Atlas du Maroc, le 8 octobre 2016 à Franceville. © D.R.
Gabon-Maroc (0-0), c’était l’un des matches disputés le samedi 8 octobre dernier pour le compte de la première journée des qualifications, zone Afrique (groupe C), à la Coupe du monde de football Russie 2018. Au terme de cette rencontre, jouée très loin de la capitale gabonaise, à Franceville au Sud-est du Gabon, là où le président déclaré élu a raflé plus de 95% des suffrages, le résultat n’a pas milité en faveur de l’équipe nationale gabonaise. Un groupe déjà très critiqué ces derniers temps parce qu’il n’aurait pas «ouvertement pris position pour dénoncer les événements postélectoraux du 31 août 2016».
Vue du stade de Franceville avec des gradins dégarnis à quelques minutes du début de la rencontre Gabon-Maroc, le 8 octobre 2016. © D.R.
Les thuriféraires et inconditionnels du Onze national espéraient en effet une victoire pour remettre du baume au cœur des Gabonais meurtris par ces événements douloureux à l’issue des résultats provisoires de la dernière élection présidentielle. Peine perdue.
En présence du président de la République, Ali Bongo, dont la validation de la victoire a été confirmée par la Cour constitutionnelle, mais toujours contestée par son challenger Jean Ping, les poulains de George Costa n’ont pas pu faire mieux qu’un match nul. Ce qui a davantage exaspéré la grande majorité des supporteurs de l’équipe gabonaise qui avaient d’ailleurs prôné le «boycott» de ce match. Ils estiment que «les joueurs de l’équipe nationale n’ont pas joué leur partition dans les événements postélectoraux en aidant le peuple à panser ses blessures après les violences, les assassinats et les arrestations».
L’exemple des joueurs de la Côte d’Ivoire a été pris en exemple pour démontrer qu’au prix fort de la discorde opposant les camps Gbagbo et Ouattara en 2011, ces sont ces footballeurs, parmi lesquels l’emblématique Didier Drogba, qui avaient pris leur bâton de pèlerin pour jouer les apôtres de la paix. Ce qui avait eu le mérite de focaliser le regard du monde sur ce pays, d’aider les belligérants à revoir leur position et le peuple à se savoir soutenu par ses stars du foot. Mais au Gabon, notent les supporteurs des Panthères, aucun joueur n’a eu le courage de se prononcer ouvertement. Les critiques pleuvent d’ailleurs sur le capitaine Pierre Emerick Aubameyang, Ballon d’Or Africain 2015, qui reste jusque-là très timoré sur la question. «On les a vus faire un petit geste après le récent match amical avec le Rwanda. C’était bien !», a déclaré Célestin, fan des Panthères. «Mais c’était suffisant pour eux ? Ont-ils le sentiment que le calme réel est revenu dans leur pays, que tout va bien, le sentiment qu’ils contribuent à réconcilier les Gabonais après ce qui s’est passé ?», s’est-il interrogé. Pour ce supporteur comme pour bien d’autres, les membres de l’équipe nationale sont des leaders, des modèles pour beaucoup de personnes. Leur voix peut faire changer des choses, relèvent de nombreux supporters.
Indubitablement, ne pas se prononcer revient à consentir, à lâcher le pays, fait remarquer un jeune d’une trentaine d’années, déclarant que «tous ces gars ont peur de prendre des initiatives et de perdre ensuite les privilèges dont ils bénéficient dans cet univers». Et le mot «égoïsme» est lâché, en ce sens que «les joueurs ne regardent que leurs propres intérêts». De plus en plus on lit sur les réseaux sociaux des messages du genre : «Ne soutenons plus les Panthères, car ils ne jouent pas pour le peuple gabonais qui s’est fait massacrer le 31 août 2016 sous leurs yeux fermés. Ils jouent pour la gloire d’Ali Bongo et de sa famille».
Pis, les supporteurs et autres téléspectateurs contestent le fait que le stade de Franceville ait fait le plein. Une grosse polémique enfle en effet et l’on assène, ici et là, l’incroyable assertion selon laquelle «la télévision gabonaise aurait diffusé des images truquées avant le match pour montrer que le stade était rempli». Comme si cela était possible. «Les Panthères doivent apprendre à comprendre que c’est nous qui les faisons. Sans nous, elles ne sont rien», a lancé un militant de l’opposition.
Avec ce match nul et tout ce qui s’abat sur elles comme critiques, les Panthères auront fort à faire face à des adversaires coriaces et face à son peuple qui lui voue désormais presque un désamour. A moins qu’elles n’opèrent un sursaut d’orgueil, entre-temps.
Le nouveau ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat social et du Logement entend aller vite afin de «normaliser» le secteur et permettre aux Gabonais d’être mieux logés.
Bruno Ben Moubamba, vice-Premier ministre, ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat social et du Logement. © D.R.
Lors de la campagne électorale en août dernier, Bruno Ben Moubamba annonçait la «construction de 200 000 logements en 20 ans», s’il était élu président de la République. Le candidat indépendant se réclamant de l’aile dite «radicale» de l’Union du peuple gabonais (UPG) envisageait alors de construire 10 000 logements sociaux par an, au lieu des 5000 logements que projetait Ali Bongo en 2010. Nommé vice-Premier ministre, ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat social et du Logement, il a récemment montré sa détermination à concrétiser son projet. Du moins, à tenter le coup.
Pour ce faire, Bruno Ben Moubamba entend s’engager prochainement dans la rédaction d’un projet de loi visant à «normaliser» le secteur. L’un des «dossiers urgents» que le nouveau ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat social et du Logement envisage de traiter est celui lié la propriété foncière. «Le foncier est un problème au Gabon», a relevé le membre du gouvernement, non sans affirmer que «les Gabonais sont appelés à avoir tous des titres fonciers». L’objectif de ce projet, a-t-il laissé entendre au micro de Gabon télévision, est de permettre d’«identifier» les occupants de terres sur toute l’étendue du territoire national. Ce «grand projet de loi» sera déposé devant l’Assemblée nationale «dans les délais raisonnables», a annoncé Bruno Ben Moubamba, disant relever le «défi» lui ayant été lancé par Ali Bongo.
«Une des conditions qui accablent de nombreux Gabonais est le logement social. Les Gabonaises et les Gabonais vivent dans des bidonvilles : des quartiers difficilement accessibles, non urbanisés et soumis à des conditions d’intempéries difficiles. Le développement du logement social et l’urbanisation des cités est une des premières priorités de mon projet politique», lit-on dans le projet de société du candidat au dernier scrutin présidentiel. Il entend notamment «montrer de quoi (il est) capable» dans ce domaine.
En attente de la rallonge budgétaire promise par le gouvernement, en vue du paiement de leurs salaires des deux derniers trimestres de 2016, les agents de la Société gabonaise de transport (Sogatra) montrent les crocs.
N’ayant pas perçu leurs salaires du mois de septembre dernier, les agents de la Société gabonaise de transport (Sogratra) ont tenu à faire le point sur la situation financière de leur entreprise. Au terme d’une réunion convoquée en urgence le 5 octobre courant au siège de Libreville, le syndicat des conducteurs et techniciens de cette société (Sycotec) a déploré l’incapacité de l’entreprise à assumer les charges salariales. Celles-ci ont toujours été du ressort de la tutelle, du fait que les recettes ne permettent pas de couvrir ces charges.
Or, ces derniers mois, en dépit des relances de leur hiérarchie, le gouvernement s’est muré dans un silence pour le moins inquiétant. Cyrille Gaston Ndoudi Ledoumou, président du Sycotec, craint donc une nouvelle cessation de paiement, non sans cacher que ce nouveau retard dans le paiement de leurs salaires peut avoir des incidences sur la qualité des prestations. Pourtant, les syndicalistes ne parlent ni de grève ni d’avertissement. D’autant que, assurent-ils, «depuis l’arrivée de Patrick Assélé, un dialogue franc s’est ouvert entre les responsables et les employés. Le nouveau directeur général fait énormément d’efforts, aussi bien pour apaiser les tensions que pour développer la société, qui compte désormais une centaine de bus fonctionnels contre une vingtaine avant son arrivée».
A quel niveau se trouve le blocage dans ce cas ? Selon les agents, il est niveau du ministère du Budget, plus précisément au niveau de la direction générale du Budget et des Finances publiques. Si en 2015 celle-ci avait consenti à débloquer plus de 6,2 millions de francs CFA pour le fonctionnement de Sogatra, en 2016, elle n’a octroyé que 3,8 millions pour le même fonctionnement sans que la société n’ait réduit ses effectifs. Or, cet argent n’a pu servir qu’à payer les salaires des six premiers mois de 2016. Depuis septembre dernier, les agents n’ont pas été payés, et aucune réponse à la demande de rallonge budgétaire de la subvention n’a été apportée jusque-là par Jean-Fidèle Otandault.
Le départ d’Ernest Mpouho Epigat, ancien ministre des Transports, et Christian Magnaga, ancien ministre du Budget et des Comptes publics (désormais aux Mines), ne devrait pas arranger les choses. A en croire les agents, les deux membres du gouvernement avaient montré leur volonté de voir cette rallonge budgétaire aboutir. Un premier dossier pour les nouveaux ministres Flavienne Nfoumou Ondo (Transports) et Mathias Otounga Ossibadjouo (Budget).
Invitant ses militants à regarder vers l’avenir, le président de Démocratie nouvelle (DN) s’est déclaré favorable au dialogue politique auquel a appelé Ali Bongo, il y a quelques semaines.
A l’instar d’autres personnalités et partis politiques de l’opposition tels que le Parti social-démocrate (PSD) de Pierre-Claver Maganga Moussavou et Abel Mbombe Nzoudou, tous deux candidats malheureux à la dernière présidentielle, la formation politique de René Ndemezo’o Obiang a annoncé sa probable participation au dialogue politique qu’Ali Bongo entend initier dans les semaines qui viennent. L’annonce a été faite le 5 octobre 2016, en présence de plusieurs soutiens de Jean Ping, à l’instar de Jean Eyéghé Ndong, Philibert Andzembé et Joël Ngoueneni Ndzengouma des 7 merveilles du peuple gabonais (7MP). La communication semblait avoir pour but de démentir les récentes rumeurs sur un supposé ralliement de l’ancien député de Bitam au pouvoir en place. Mal lui en a pris. Plusieurs militants de Démocratie nouvelle (DN) ont clairement désapprouvé ce nouveau positionnement.
Pourtant, s’ils ont dit être conscients qu’au sein de l’opposition, notamment dans l’entourage de l’ancien président de la commission de l’Union africaine, certains n’approuvent pas leur participation à ce futur dialogue politique, les responsables de DN n’ont pas moins estimé que celui-ci revêt une certaine importance. Il s’agit d’une des voies les plus appropriées pour sortir de la crise que connaît le Gabon depuis l’annonce de la victoire du candidat du Parti démocratique gabonais (PDG) au scrutin présidentiel d’août dernier. Or, «l’élection présidentielle 2016 est terminée», a tenu à rappeler René Ndemezo’o Obiang, exhortant ses militants «à garder la tête froide, à explorer, sans en négliger aucune, toutes les voies permettant à notre pays de sortir de l’impasse, en privilégiant la voie du dialogue et de la réconciliation des Gabonais».
Cinq mois après sa naissance sur les cendres du Conseil du salut de la République (CSR), les ambitions de Démocratie nouvelle sont claires : «devenir un grand parti» et «accéder au pouvoir» par la voie des urnes.
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