Moins d’une semaine après la démission du député du 2e siège du département du Haut-Ntem, le Premier ministre a exhorté les élus et cadres du PDG de la province à investir le terrain.
Daniel Ona Ondo (au milieu) et des cadres du PDG du Woleu-Ntem, le 29 juillet 2016 à Libreville. © D.R.
Comme pour conjurer un éventuel «effet Zibi Abeghe», le Premier ministre a réuni un conseil provincial du Parti démocratique gabonais (PDG) le 29 juillet 2016 à Libreville. Daniel Ona Ondo a exhorté les élus et cadres PDG du Woleu-Ntem à investir le terrain. À moins d’un mois du scrutin présidentiel, son appel sonne comme une volonté de sauver les meubles, Ali Bongo ayant préalablement eu des assurances quant au «soutien total» de la province septentrionale. Or, il n’en a pas véritablement été le cas, le 23 juillet dernier.
Jugée «ignoble et indigne» par des zélateurs du PDG dans le Woleu-Ntem, la démission de Bertrand Zibi Abeghe n’a pas toujours fait les affaires de Daniel Ona Ondo. Ayant implicitement appelé à la délation pour prévenir ce genre d’acte, le Premier ministre entend démonter au président de la République sortant que rien n’est perdu dans le septentrion. Au cours de la réunion du siège du PDG à Louis, il s’est d’ailleurs félicité de la mobilisation enregistrée lors de la tournée d’Ali Bongo dans le Woleu-Ntem, en dépit de l’«incident» de l’étape de Bolossoville.
Le 23 juillet dernier, Bertrand Zibi Abeghe avait annoncé son départ du PDG au terme de son discours de bienvenue à Ali Bongo. Il avait alors exprimé sa désapprobation de la politique menée ces sept dernières années.
La police appelée au secours tente de contenir la foule de fonctionnaires venus percevoir leur salaire. Restés longtemps debout, serrés dans les rangs et sous le soleil, les fonctionnaires sont au bout des nerfs.
« Le seul jour où l’on vient prendre l’argent, il faut que l’on nous humilie sous le soleil, il faut que l’on se batte avec les forces de l’ordre. On a besoin de notre argent, c’est quoi cette histoire ? », s’indigne une femme. A ses côtés, une fonctionnaire interpelle directement les employés de La Poste : « Il faut dire aux gens de La Poste de nous laisser partir librement, nous allons aller dans les banques que l’on veut. Nous ne sommes pas des esclaves de La Poste ».
La Poste endettée
Les fins de mois sont certes devenues chaotiques devant les guichets de La Poste, mais ce 25 juillet a été particulièrement pénible à cause de la grève, comme en témoigne Jean Clair Mboutsou Ditengou, secrétaire général du syndicat des postiers : « Nos salaires ne sont plus versés à date. Il se trouve que le redressement de la Poste et de la banque ne sont pas au rendez-vous. Si on doit licencier qu’on se retrouve et que l’on discute de tous les moyens d’accompagnement qui vont avec ».
La direction n'a pas souhaité réagir. Il reste que La Poste gabonaise est au bord de la faillite. Elle doit 75 milliards de francs CFA à ses épargnants, 9 milliards auprès de La Poste française et 5 milliards à Western Union. En dehors des salaires, bourses et pensions de retraite, tous les autres retraits sont gelés en attendant une bouée de sauvetage de l'Etat unique actionnaire de La Poste.
Le président de la République, Ali Bongo Ondimba, a entamé le 25 juillet courant la troisième manche de sa tournée républicaine par la ville de Koulamoutou où il s’en est de nouveau pris à quelques adversaires politiques, traitant l’un d’eux de «Judas».
Au pas de charge, après l’Ogooué-Ivindo et du Woleu-Ntem, le chef de l’Etat est désormais lancé dans la troisième étape de cette tournée à travers laquelle il entend communier avec les populations. Ses valises et celles de sa délégation ont donc été posées à Koulamoutou, le chef-lieu de la province de l’Ogooué-Lolo. A cet effet, un important meeting a été organisé au stade Jean Stanislas Migolet, ce 25 juillet.
Comme dans les autres villes, son discours est resté centré sur la paix, l’unité nationale, le développement, les infrastructures, les hôpitaux, les écoles, la formation, les jeunes et les femmes. «Nous avons avancé, mais nous allons encore aller un peu plus vite pour nos compatriotes qui souffrent, qui vivent dans la précarité», a déclaré Ali Bongo Ondimba avant d’ajouter : «pour qu’on continue d’avancer ensemble, je suis venu vous dire que la route vers l’émergence n’est plus très loin. 2025, c’est dans 10 ans». Le chef de l’Etat a rappelé aux jeunes et aux femmes qu’il faut désormais être formé pour prétendre réussir. Il a ainsi fait montre de sa volonté de rompre avec les habitudes fondées sur le favoritisme afin de prôner l’Égalité des chances pour tous les Gabonais. «Pas de formation, pas de métier», a martelé Ali Bongo.
S’adressant particulièrement aux jeunes, Ali Bongo Ondimba a déclaré : «mes jeunes compatriotes, l’avenir est à vous. L’émergence, c’est pour vous. Il faut aller à l’école, il faut se former». Il leur a rappelé que le Gabon est dans un monde en pleine compétition et le pays et ses hommes doivent se battre pour rivaliser avec les meilleurs. Dans ce contexte, il souhaite une nation unie. «C’est ce dont on a besoin pour notre pays. On n’a jamais rien construit dans la division. On ne va pas développer le Gabon en se déchirant, en se battant», a énoncé le chef de l’Etat.
L’autre pôle de son intervention était axé sur les hommes politiques, notamment ceux qui passent à ses yeux pour «des ingrats», voire des «traitres». L’un d’entre-eux a même été traité de «Judas». Les observateurs ont vite fait de relever qu’il s’agissait de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Guy Nzouba Ndama, qui a rendu son tablier de hiérarque du parti au pouvoir, le PDG, avant de remettre celui de président de la deuxième chambre du Parlement gabonais. Nzouba Ndama a emporté armes et bagages dans l’opposition fédérant autour de lui le courant dissident du PDG baptisé «Héritage et Modernité». Il sera d’ailleurs leur porte-étendard à la prochaine élection présidentielle.
Expliquant en quoi il est semblable à Judas, Ali Bongo Ondimba a indiqué : «lui, il a vraiment fait fort. Toutes ces années, tout a été bien», a ironisé le président de la République racontant qu’une «semaine avant sa fameuse déclaration», il était dans son bureau et «je lui dis qu’il était absent pendant le Congrès. Il répond, j’ai pensé venir, mais j’ai fait demi-tour». «Il n’était pas malade, il était en bonne santé puisque je lui ai posé la question et il m’a répondu qu’il n’était pas malade», a lâché le président de la République. «Nous avons même discuté des plans de la campagne. Tout cela a été discuté avec moi. Et une semaine après il fait une déclaration et il m’a envoyé une lettre qu’il n’a même pas attendu que je reçoive. Il n’a même pas eu de courtoisie à mon égard et il a fait sa déclaration. Voilà ce que j’appelle le manque de courage. C’est ce que j’appelle être Judas», a déclaré Ali Bongo Ondimba sans jamais citer de qui il parlait.
Un communiqué de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), annonce que le Gabon a procédé ce 20 juillet à l’émission d’Obligations du trésor assimilables (OTA) pour lever 5 milliards de francs CFA sur le marché financier de l’Afrique centrale, avec un taux nominal de 4,50 %.
Au total, trois banques gabonaises ont été désignées pour suivre cette opération. Il s’agit de la BGFI Bank, de la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Gabon (BICIG) et de l’Union gabonaise de banque (UGB).
Cette émission d’obligations du trésor assimilables (OTA) concerne également six établissements de crédit et d’épargne camerounais, notamment Afriland first Bank, Ecobank, Union bank of Cameroon limited (UBC), United bank for Africa Cameroon (UBA), Société commerciale de banque (SCB), Standard Chartered Bank Cameroon.
D’autres institutions financières comme Ecobank Centrafrique, Crédit du Congo et la Caisse commune d’épargne et d’investissement de la Guinée équatoriale sont aussi concernées par cette opération.
Avec la chute des cours du baril de pétrole ayant provoqué une baisse significative des revenus de l’Etat, le Gabon a besoin de ressources additionnelles pour financer son vaste programme de modernisation du réseau routier des principales villes du pays. Ce programme d’une valeur de 60 milliards de FCFA devrait permettre de limiter le phénomène des embouteillages récurent à Libreville et faciliter la circulation d’une commune à une autre ou d’un quartier à un autre.
Depuis quelques jours, les quartiers La Sablière, Tahiti, Narval, Kalikak et Batterie IV sont couverts par l’internet haut débit, qui devrait s’étendre à l’ensemble de la capitale voire à d’autres villes d’ici à la fin de l’année en cours.
Le directeur général de Gabon Telecom, annonçant le lancement de la FTTH, le 20 juillet 2016 à Libreville. ©Gabonreview
Depuis quelques jours, les habitants des quartiers La Sablière, Tahiti, Narval, Kalikak et Batterie IV à Libreville ont la possibilité d’accéder à l’Internet haut débit grâce à la fibre optique. Après avoir ouvert, en 2012, cette possibilité aux entreprises, Gabon Telecom a annoncé, le 20 juillet, le lancement de la technologie «FTTH : Fiber to the home» permettant aux usagers d’avoir un débit performant et de meilleure qualité. « (FITTH c’est)une connexion illimitée, des débits cent fois plus élevés que l’ADSL, des téléchargements instantanés à partir de plusieurs terminaux à la fois et la possibilité de développer des applications à domicile, telles la vidéo-conférence, la télésurveillance ou le télétravail», a expliqué le directeur général de Gabon Telecom.
Si Gabon Telecom revendique une baisse de 93% des frais d’accès à la fibre optique, il rappelle que cette technologie nécessite d’importants investissements. D’où la réduction de son champ de couverture au lancement. Ayant annoncé une réduction de 50% des redevances mensuelles, un débit de 50 Mbps et la gratuité des frais d’installation pour les cent premiers abonnés, l’entreprise de téléphonie a promis étendre la fibre optique à d’autres quartiers voire à d’autres villes avant la fin de l’année en cours.
La fibre optique est imperméable aux aléas climatiques et ne s’oxyde pas comme le cuivre.
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